Label : Atlantic Records
Il
parait que les connaisseurs appellent ça du jump blues.
Bon. Pour moi l'inculte, The Atomic Fireballs appartiennent plus ou
moins à la vague neo-swing (ou retro-swing), comme on dit, de la fin
des années 90/début des années 2000, comme leurs petits camarades
de Squirrel Nuts Zipper, Big Bad Voodoo
Daddy, Royal Crown Review et consorts. Avec une
différence de taille : TAF, c'est du swing bourre-pif, et
poser Torch this place sur sa platine, c'est
s'envoyer une méchante brique dans la face.
Le
premier truc qui explose aux oreilles, c'est la voix du
chanteur John Bunkley. Comment dire... Après ça, Brian
Johnson fait follasse, Garou et Joe Cocker, prépubères sous hélium.
On fait difficilement plus rauque. Au début c'en est même un peu
désarçonnant, puis on s'y habitue et accroche. C'est éraillé,
très agressif, joyeux, chaud, c'est raccord avec le son et le
groupe, ça sait pleurer, un peu ("Lover lies") mais pas
longtemps, et ça mord à tous coups. Jackpot.
En
plus du chanteur, TAF c'est 7 musiciens : piano, sax, contrebasse,
trombone, guitare, trompette, batterie. Et merci de croire que. Ca
envoie. Durant tout le tableau, frontman
comme musiciens vont assurer, impeccables, surdoués (une mention
spéciale au piano), rapides, précis, formant un bloc de son vif et
chaud, ironique aussi, comme si l'humour des paroles et de l'attitude
rétro générale transparaissait dans les parties de saxs et
trompettes. Et, à 8, les gaziers balancent avec Torch
this place
ce qu'il faut bien appeler un grand disque, sans faiblesse, sans
remplissage, swinguant dur et mordant large.
Car
The Atomic Fireballs ne jouent pas du jazz, ils propulsent à la
nitro un genre de fusée swing, SCUD up-tempo, haletant ("Man
with the hex", ouverture-upercut de l'album, rapide, scandé,
"Mata Hari", titre encore plus speed et pan-dans-la-gueule
que le précédent, "Spanish fly"...) ou chaloupé ("Pango
Pango", "Calypso king",...). "Lover lies",
quant à elle, a des allures de classique absolu dès les premières
notes, de ces ballades piano qu'un amant largué joue dans
l'arrière-salle d'un rade désert à minuit, en bras de chemise et
cravate dessérée, le verre de whisky pas trop loin. Cliché, hein ?
Mais ça marche, et c'est le top. "Caviar and chitlins",
voisine de la susdite, tranquille et narquoise, vous colle
instantanément un sourire aux lèvres. Ailleurs, "Hit by a
brick" rebondit littéralement, et va des doigts qui claquent
jusqu'au piano et à la contrebasse, pour un swing serré, maitrisé,
ironique. Tout le reste est à l'avenant, de l'éreintante entrée en
matière (l'enchaînement "Man with the hex", "Mata
Hari" et "Swing sweet pussicat"), jusqu'à la descente
progressive vers la fin, "Flowers in the sand" puis "Starve
a fever". Sur 12 titres, TAF alignent 12 diamants, forcément
bruts vu la voix du chanteur, mais qui luisent et brûlent comme pas
deux.
Enfin
bon, le groupe n'existe plus depuis des plombes, Bunckley a
semble-t-il intégré un groupe de ska nommé Gangster Fun,
faudra que je chope le CD un jour. En plus d'un 1er EP, "Birth
of the swerve", reste de The Atomic Fireballs cette tuerie
absolue, cet anti-dépresseur 24 carats, ce cocktail molotov
enregistré. Ce mot d'ordre de "Torch this place !", ce
disque, ça vous ferait danser dans la rue, ça vous ferait hurler au
bureau, ça vous ferait foutre le feu à votre métro matinal, comme
si tous ces titres mis à bout à bout constituait une espèce de
libre explosion, un genre de gigantesque flamme qui mord dans le
tissus de la grisaille, du cafard, de la morosité et de la
médiocrité du quotidien. "Torch this place", le disque,
est un hurlement de joie irrépressible.
Vimaire
PS : Pour info, "Man with the Hex" s'est retrouvé sur plusieurs BO, "notammen"t celle d'American Pie 1, et qu'on aperçoit le groupe en plein "Swing sweet pussycat" à la fin de Three to tango.
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