mardi 25 février 2014

Atomic Fireballs, The - Torch this place

Genre : Swing burné
Sortie : 1999
Label : Atlantic Records



Il parait que les connaisseurs appellent ça du jump blues. Bon. Pour moi l'inculte, The Atomic Fireballs appartiennent plus ou moins à la vague neo-swing (ou retro-swing), comme on dit, de la fin des années 90/début des années 2000, comme leurs petits camarades de Squirrel Nuts ZipperBig Bad Voodoo DaddyRoyal Crown Review et consorts. Avec une différence de taille : TAF, c'est du swing bourre-pif, et poser Torch this place sur sa platine, c'est s'envoyer une méchante brique dans la face.

Le premier  truc qui explose aux oreilles, c'est la voix du chanteur John Bunkley. Comment dire... Après ça, Brian Johnson fait follasse, Garou et Joe Cocker, prépubères sous hélium. On fait difficilement plus rauque. Au début c'en est même un peu désarçonnant, puis on s'y habitue et accroche. C'est éraillé, très agressif, joyeux, chaud, c'est raccord avec le son et le groupe, ça sait pleurer, un peu ("Lover lies") mais pas longtemps, et ça mord à tous coups. Jackpot.

En plus du chanteur, TAF c'est 7 musiciens : piano, sax, contrebasse, trombone, guitare, trompette, batterie. Et merci de croire que. Ca envoie. Durant tout le tableau, frontman comme musiciens vont assurer, impeccables, surdoués (une mention spéciale au piano), rapides, précis, formant un bloc de son vif et chaud, ironique aussi, comme si l'humour des paroles et de l'attitude rétro générale transparaissait dans les parties de saxs et trompettes. Et, à 8, les gaziers balancent avec Torch this place ce qu'il faut bien appeler un grand disque, sans faiblesse, sans remplissage, swinguant dur et mordant large.



Car The Atomic Fireballs ne jouent pas du jazz, ils propulsent à la nitro un genre de fusée swing, SCUD up-tempo, haletant ("Man with the hex", ouverture-upercut de l'album, rapide, scandé, "Mata Hari", titre encore plus speed et pan-dans-la-gueule que le précédent, "Spanish fly"...) ou chaloupé ("Pango Pango", "Calypso king",...). "Lover lies", quant à elle, a des allures de classique absolu dès les premières notes, de ces ballades piano qu'un amant largué joue dans l'arrière-salle d'un rade désert à minuit, en bras de chemise et cravate dessérée, le verre de whisky pas trop loin. Cliché, hein ? Mais ça marche, et c'est le top. "Caviar and chitlins", voisine de la susdite, tranquille et narquoise, vous colle instantanément un sourire aux lèvres. Ailleurs, "Hit by a brick" rebondit littéralement, et va des doigts qui claquent jusqu'au piano et à la contrebasse, pour un swing serré, maitrisé, ironique. Tout le reste est à l'avenant, de l'éreintante entrée en matière (l'enchaînement "Man with the hex", "Mata Hari" et "Swing sweet pussicat"), jusqu'à la descente progressive vers la fin, "Flowers in the sand" puis "Starve a fever". Sur 12 titres, TAF alignent 12 diamants, forcément bruts vu la voix du chanteur, mais qui luisent et brûlent comme pas deux.



Enfin bon, le groupe n'existe plus depuis des plombes, Bunckley a semble-t-il intégré un groupe de ska nommé Gangster Fun, faudra que je chope le CD un jour. En plus d'un 1er EP, "Birth of the swerve", reste de The Atomic Fireballs cette tuerie absolue, cet anti-dépresseur 24 carats, ce cocktail molotov enregistré. Ce mot d'ordre de "Torch this place !", ce disque, ça vous ferait danser dans la rue, ça vous ferait hurler au bureau, ça vous ferait foutre le feu à votre métro matinal, comme si tous ces titres mis à bout à bout constituait une espèce de libre explosion, un genre de gigantesque flamme qui mord dans le tissus de la grisaille, du cafard, de la morosité et de la médiocrité du quotidien. "Torch this place", le disque, est un hurlement de joie irrépressible.


Vimaire


PS : Pour info, "Man with the Hex" s'est retrouvé sur plusieurs BO, "notammen"t celle d'American Pie 1, et qu'on aperçoit le groupe en plein "Swing sweet pussycat" à la fin de Three to tango.

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