(NB : ceci n’est pas le recyclage d’une vieille
chronique poussiéreuse ressortie un soir d’inspi’ à sec. Mais la publication d’une
chronique jamais mise en ligne nulle part non plus qu’imprimée papier. Et comme
le concert était bon… Enjoy _ j’espère)
Petite appréhension avant ce concert. De deux choses l'une : Ou Bloc Party allait faire pschiiit sur scène, se révélant, après deux albums bons voire très bons n'être que l'un des plats combos qu'Albion exporte en permanence. Ou bien le quartet, armé de compos bétons, allait ce soir botter des culs, dont le mien qui, par parenthèse n'attendait que ça, mais je m'arrête là avant de sombrer dans le porno. La seconde hypothèse a par bonheur prévalu, malgré un obstacle majeur : le public.
En effet, cela frappe dès l'entrée dans l'Aéronef : le public craint. La soirée ne fera que confirmer cette prémonition, trois rares clampins pogottant vaguement devant la scènes alors que, merde, le matos de Bloc Party vaut quand même mieux que ça. Mais la majorité du public est atrocement jeune, et c'est manifeste, peu sont venus écouter les auteurs de deux albums juvéniles et brillants. La masse est là pour ouïr le groupe à la mode responsable de « Banquet ». On a donc droit aux rebuts des lycées et des premières années étudiantes de Lille, la touffe grotesque et l'Ipod de rigueur pour eux, la frange blonde bête et la prétention in pour elles. Bref, c'est la fête du slim, et ça sent d'une lieue l'amicale des auditeurs du Mouv'. Petits cons, va.
Parmi ceux-ci, je
décernerais une mention spéciale aux deux déplorables connards
nous ayant jouxté une bonne partie de la soirée. Le premier,
encombré d'une acné pas volée, d'une binouze et d'une
correspondante allemande, fait gracieusement savoir alentour que
c'est bon, encore deux verres et il s'la tronche. Le vilain se fait
d'ailleurs torcher peu de temps après par un gonzier de la sécurité,
le nabot ayant eut l'idée d'allumer une toussante pour faire plus
virile. Raté, depuis le début
de l'année on n'a plus le droit de pétuner en vase clos. En
ce qui concerne la Germaine, l'ahuri en sera d'ailleurs quitte pour
se la coller sur l'oreille ce soir, soit que la drôlesse ait éventé
sa pauvre ruse, soit que prendre une Allemande à la bière revienne
à vouloir enseigner la corrida à un Madrilène. Incroyable ce
qu'une belle veste peut provoquer de joie mesquine chez l'honnête
pékin que le minet irrite. L'acolyte du navrant, plus con encore si
c'est Dieu possible, garde ses écouteurs vissés aux écoutilles, et
s'envoie fortissimo David Guetta (!!!) dans les esgourdes, y compris
durant la première partie des pourtant pas dégueus Biffy Clyro.
L'irréel abruti nous gratifiera même, entre ceux-ci et la tête
d'affiche, d'un hallucinant numéro de danse Ibiza-staïle,
le tout parfaitement seul au beau milieu de la foule patiente.
Rigolade.
Après
le mélange pop, rock indé et disto metal des gouleyants Biffy
Clyro (Gordon
Moakes dans la fosse
pendant le set) et une attente un peu longuette, entrée en scène
des new kids on the Bloc . Mise en place. « Song for Clay ».
Totalement a cappella d'abord,
puis les guitares s'en mêlent, et le public a le bon goût de se
manifester, l'apathie pas encore totalement infusée. Le groupe
bastonne direct, et toutes les craintes que l'on avait pu nourrir
quand à la voix de Kele
Okereke en live se
dissipent illico. Le bougre va délivrer ce soir une prestation
magistrale, assurant des parties vocales à filer le frisson. Le tout
d'une justesse impeccable, même au cœur des aigus les plus
périlleux. Impressionnant. Le son général est plutôt bon, alors
que l'Aéronef se traîne une réputation de salle à l'acoustique
très moyenne. On aurait pas craché sur un « Banquet »
plus souple, sur des sons clairs plus limpides, mais le côté dépoli
du live participe de son charme, et ce soir, « ça l'fait »,
et plutôt bien.
Si
tous les membres du groupe brillent ce soir, Matt
Tong, le batteur, explose
littéralement pendant tout le set. On l'savait, notez. « On
l'savait, mais pas à c'point là ». Déjà débloquant sur
disque (en particulier sur The Silent Alarm),
son jeu live a de quoi rendre fou, puissant et serré, heavy et
cinglant à la fois, avec une patte personnelle jamais entendue
ailleurs. Comme si des rafales de plomb giclaient mathématiques. Le
gamin vire d'ailleurs sa liquette dès la fin du premier titre.
Certains trouveront que c'est bien d'un poseur. Sauf que ledit poseur
va faire voler ce soir des litres et des litres de sueur, martelant
ses fûts comme on cogne au bélier.
Le monstre à tête
d'Harry Potter se paye même le luxe d'assurer quelques chœurs où
il met ses tripes, et reste en permanence incroyablement en place.
Toute la soirée, la Bloc
Batterie nous colle au mur.
Sans
faire le show ('pas un truc de bassistes, ça) Gordon
Moakes, c'est l'énergie
rentrée, sobre et presque sombre, mais impeccable, pince-sans-rire
et tendue. Donnant du chœur lui aussi, il s'offre même un petit air
de... xylophone en intro d'un titre. La classe à l'anglaise. Russel
Lissack,
maigrichon aigu et sérieux est
quant à lui le chouchou de ces dames, quasi-kawaï un peu en
retrait. Il trimbale d'ailleurs sur ses amplis une jolie collection
de peluches, probables cadeaux d'une cohorte de fan-e-s sans doute
plus émotives que pubères. Mais n'allez pas croire que. Derrière
sa mèche et une timidité sans doute plus grande encore, le
gringalet plaque sur les rythmiques de Kele Okereke des riffs
pointus, élastiques et tranchants et sort de ses Telecasters des
solos comme on en entend beaucoup trop peu
dans la galaxie pop-rock.
La
set-list mêle à parts
égales
des titres du premier et du deuxième album : « Song for Clay »
donc, « Helicopter », « Banquet » évidemment,
« I still remember », « Where is home »,
« Positive tension », « Uniform » (sur lequel
votre serviteur pète légitimement un boulon, voir pourquoi dans la
chronique de l'album A
Week-End...),...
. Comme souvent, le live transforme en moment de gloire les bonnes
compos (et Bloc Party en aligne de nombreuses), et permet de rendre
un peu de force à certains morceaux un peu mous sur disque. En
l'occurrence, ce sont quelques titres du deuxième album, où le
groupe semblait s'être concentré sur la mélodie au détriment du
muscle et du nerf. Rien n'y fait cependant. A part quelques fans
motivés devant la scène, le public est apathique, et répond
mollement à un un groupe qui pourtant maîtrise parfaitement son
sujet, et dont le chanteur ne rechigne pas à s'adresser à la foule.
Mais les balcons semblent s'en foutrent, le parterre à peine moins.
Alors,
le show achevé (durée standard, une heure quinze à une heure
trente disons, un peu court), on sort rapidement, et l'on va se jeter
une Chimay et une Martin's, débriefant le concert en constatant que
même la masse des endives présentes n'a pas réussi à pourrir ce
moment. 'Z'auraient pu jouer « Luno », quand même. Sacré
groupe, quand même.
Vimaire
NB : Je n'ai aucun droit sur les photos (perdu les miennes dans un accident de disque dur, bordel), les photos illustrant ce billet sont de M. Nicolas Huret pour le site lillelanuit.com.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Laisser un commentaire :