mercredi 9 juillet 2014

[Live report] Paul Cramet + Dockland + Blurry Mountain, le 26 juin 2014 - Le Buzz, Paris 20e

Retour au Buzz après un gros mois. On passe d'une soirée "Folk me I'm not famous" à une autre "Dirty'n'Indie", Jaamsono ayant décidément des titres cools pour ses nocturnes (et encore, la prochaine fois je tente un de leurs concerts "Rock on my pussy"...). Sur ce coup-ci on nous promettait de la pop expérimentale (Paul Cramet), de la noisy pop (Dockland) et encore de la noisy pop (Blurry Mountain). Happy hours, tampon fluorescent sous néon noir sur le bras, zou.
Occupés par une galère sans nom (régler des tournées à plusieurs, quand la moitié des rombiers présents n'a pas de monnaie, que le bar prend la CB à partir de X €,... un vrai problème d'algèbre), on prend le show de Paul Cramet en marche. C'est dommage... Et pas plus mal à la fois. J'ai rien contre les mecs seuls en scène avec leur sèche (on repassera pour la noisy pop, au passage) mais on m'a dit de toujours me méfier des zicos en jeans slim, or c'est le cas. Paul Cramet chante pas mal, joue pas mal... et horripile. Tous les morceaux suivent le même schéma : ça commence par des arpèges ou une rythmique tranquille, sympa, le chant suit, et sans raison (semble-t-il), ça s’accélère, la voix vire au suraigu, les accords enquillées à toute blinde semblent viser uniquement à faire le plus de bruit possible pour occuper l'espace sonore, les cordes frisent, ça vire au barouf ... Ça finit par en être gênant pour lui. Compos ou reprises, tout débute plaisant pour finir pénible. C'est d'autant plus regrettable que le type est sympathique et glisse quelques mots au public avec le sourire. Certaines personnes semblent tout de même avoir apprécié, ce n'est donc pas mon cas. Mention "peu concluant", je dirais.

On change de style avec Dockland, aka Mathieu Mozziconnacci, lui aussi seul en scène mais cramponné à sa Jazzmaster, un peu seul dans son monde (il parlera très peu au public, le temps de s'excuser dans un sourire de jouer des chansons tristes), concentré. Il commence à jouer... et l'on est bien. Noisy pop peut-être, mais versant douceur (au moins au début). Avec des lignes de guitare enveloppantes et pleines d'échos, avec une voix douce et profonde dès qu'il se met à chanter, quelques mots ici où là, parfois plus parlés que chantés. Sur certains titres, Matthieu "sample" ses rythmiques grâce à ses nombreuses pédales, et part dans de longues phrases solos, ou tisse des toiles complexes de riffs aigres-doux. Ça dissone un peu, samples et parties "live" n'accordent pas toujours leurs rythmes, et c'est bien, parce que c'est cohérent. Et dans ce parallélépipède de béton, avec ces 10 ou 15 personnes (grand max, de mémoire on a commencé le show à 8 pékins dans la salle), dans le béton, donc, on est bien. Et, malgré la lenteur de certains morceaux (ceux que j'ai en général le plus apprécié), la musique est plus rock qu'il n'y parait. De quoi donner amplement envie de lâcher quelques euros sur le Bandcamp du monsieur. Même si sa musique semble plus fluette sur album qu'en live (l'effet "un mec seul et sa gratte dans sa piaule" joue, quand même), faites traîner vos oreilles de ce côté, poussez le volume et allongez-vous. Appréciez. Puis allez le voir en live.

20 mn après, on change complètement de trip avec Blurry Mountain. Là, ils sont 4 à se tasser sur la micro-scène, devant une assistance plus nombreuse (plus d'une trentaine de personnes dès le début du show) que pour les deux artistes sus-cités.  Batteur et bassiste sont invisibles, le chanteur-guitariste et le guitariste-chef se partageant le devant de l'estrade, où figure également un mini-clavier, sur lequel le chanteur joue parfois des vagues d'accords.La noisy pop annoncée est en fait foutrement rock, tendue, toute de nerf et de disto. Comme l'impression d'entendre ce que donnerait une sculpture d'acier déchiqueté que traverserait des décharges électriques haute tension. Malgré la qualité du son (maintenant c'est sûr : l’acoustique de cette micro-salle est VRAIMENT excellente), on ne distingue que pas ou peu la voix du chanteur, étouffée sous le torrent de sons de ses camarades. Le guitariste notamment, qui ne fait pas semblant et vit pleinement le truc, bizarrement armé qu'il est pour jouer ce genre de musique d'une Epiphone modèle Bob Marley (!). Détail curieux mais pas désagréable, dans le pop-rock bruitiste et maîtrisé du groupe, les sonorités de la guitare "lead" évoquent parfois celles des guitares baritones dont Morricone truffait ses BO de western. Étrange mais appréciable, ça personnalise un peu plus le son du groupe. Je dois malheureusement quitter le set avant la fin, un peu frustré. Si je ne suis pas complètement convaincu, il y a tout de même quelque chose à creuser ici. Là encore, Bandcamp est votre ami, d'autant que les quelques titres en ligne sont gratuits...

En conclusion vite fait : 5 €, une excellente découverte, une intéressante, et une à oublier (de mon point de vue du moins) : Qui dit mieux ?

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